DÎNER DE GALA DU BICENTENAIRE

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Le 16 Septembre 2013 notre Compagnie a fêté le bicentenaire de sa recréation par Napoléon 1er, le 15 décembre 1813.

À cette occasion un magnifique dîner de gala a été donné dans l’enceinte du Tribunal de Commerce de Paris devant lequel chaque Courtier de notre Compagnie prête serment.

Plus de 120 personnes étaient présentent ce soir là pour cet évènement un peu exceptionnel il faut bien le dire !

Voici l’intégralité du discours prononcé par le Président de la Compagnie :  Mr DIDIER ALLIX, ainsi que quelques photos de la soirée.

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DISCOURS 1ère PARTIE :

Chers amis du vin, Bonsoir,

Je vous remercie de votre présence à ce dîner de gala, cet évènement nous  permet de nous retrouver dans un lieu historique qui nous fera passer un  moment convivial.

Je remercie tout particulièrement :  Le Président Franck GENTIN Président du tribunal de commerce qui nous a fait  l’honneur de nous accompagner lors de notre cocktail et son Vice-Président  Denis VILLARUBLA qui nous offrent l’hospitalité en ce lieu.

Je remercie également :
– Hervé BRIAND Conseiller spécial de l’INAO
– Jean-Marie AURAND élu Directeur Général de l’OIV qui remplacera  Federico CASTELLUCCI retenu ce soir et dont le mandat se termine.
– Frédéric GUEUDAR DELAHAYE directeur général adjoint AGRIMER et Eric ROSAZ délégué de filières viticoles et cidricoles
– Jean-Jacques BREBAN Président du Conseil interprofessionnel des vins de  Provence.
– Béatrice DA ROS Directrice de l’Union des Œnologues de France
– Philippe FAURE BRAC meilleur sommelier du monde 1992
– Jean-Marie BRETILLON Maire de Charenton-le-Pont, « cité historique du  négoce du vin »
– Les 18 journalistes présents
– Nos amis du vin qui nous font le plaisir de partager cette soirée avec nous.

Comme vous le voyez, le choix de ce lieu pour notre dîner de gala est chargé de  symboles.
Napoléon 1er nous a réinstitué le 15 décembre 1813, Napoléon III a inauguré ce  bâtiment en 1865.
Les membres de la Compagnie des Courtiers Jurés prêtent serment devant ce  même tribunal et y tiennent leurs assemblées.
Le vin a un caractère naturel et authentique mais malheureusement aliénable.
Pour contrecarrer la fraude, les pouvoirs ont tout au long de l’histoire  réglementés sa production, son transport et sa commercialisation.
Avant 1270, pour la première fois un document établit l’existence de l’ordre des  Courtiers Jurés et nous indique qu’à leur nomination ses membres doivent  prêter serment.

C’est Charles IV le Bel qui réglemente la Compagnie le 12 mars 1322.  Les règles strictes sont fixées par les ordonnances de Jean II en 1350 et  protègent dans le même temps le métier de courtier.  « Aucun marchand de vin ne pourra mélanger deux vins ensemble sous peine  d’amende et de confiscation.  Les taverniers ne pourront donner une appellation à un vin issu d’un autre cru,  sous peine de confiscation et d’amende.  Les prix sont réglementés, les vins pourraient être confisqués et revendus.
Nul ne pourra être courtier sans avoir donné au Prévôt des marchands caution  suffisante de 30 livres.  Quiconque se mêlera de courtage de vins sans avoir été agréé sera condamné à  60 sols d’amende et sera banni de la Vicomté de Paris un an et un jour.  Nul courtier ne pourra acheter la marchandise.  Nul clerc ne pourra être courtier.  Nul courtier ne pourra prendre pour courtage plus de 12 deniers pour un tonnel de vin ».
La protection des courtiers est confirmée par une ordonnance de Charles VI en  décembre 1410.  « Personne ne peut s’entremettre dans les ventes s’il ne fait partie des 60  vendeurs jurés assermentés par le Roi qui se déclare confrère de la Compagnie  ainsi que sa très chère et très aimée compagne la Reine et son très cher et très  aimé fils aîné Duc de Guyenne ».

Pour leur sûreté on octroie aux courtiers le droit de porter épée, dague ou  gourdin sans qu’aucune interdiction ne puisse leur en être faîte par aucun des  officiers, pourvu toutefois qu’ils n’en assaillent aucun !

Dans une nouvelle ordonnance de Charles VI en février 1415 à l’article 8 on peut  lire :
Lors du décès d’un juré crieur ou de sa femme, tous les membres de la confrérie,  toutes leurs cloches sonnantes au devant du convoi, accompagneront le trépassé  de sa dernière demeure jusqu’au lieu de la sépulture. Ils seront vêtus de leur  uniforme de confrérie et tout défaillant sera puni d’une demi-livre de cire au  bénéfice de la confrérie.  Article 9 – Deux crieurs entoureront le cercueil, l’un tenant un pot de vin, l’autre  un beau hanap et ils verseront à boire à ceux qui portent le corps ou à tous ceux  qui le voudront. A chaque carrefour, ils reposeront le cercueil sur deux tréteaux  et présenteront à boire à tous les présents aux frais de la confrérie.

Article 14 – En la ville de Paris, personne hormis les crieurs ne devra  s’entremettre pour fournir robes, manteaux, chapeaux pour obsèques et  funérailles sous peine d’amende à fixer cas par cas.  Dans une autre ordonnance de février 1613, le Roi Louis XIII qui se déclare  premier confrère de la Compagnie, exprime sa sympathie pour les jurés  vendeurs en les maintenant dans leur privilège et leur octroie des congés-payés.

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Le 10 janvier 1617, à la suite d’une requête d’un marchand et bourgeois de Paris  visant à modifier le régime des Pompes Funèbres, ce dernier est débouté et les  crieurs de vins de Paris sont maintenus et conservent leurs offices, fonction,  exercice et fourniture des tentures ainsi qu’il est pratiqué depuis 200 ans avec  défense à toute autre personne de s’y immiscer sous peine de confiscation des  étoffes et de l’amende.

Un édit de Louis XIV en 1691 porte suppression de tous les courtiers gourmets  et commissionnaires en vins de France à l’exception de ceux de sa bonne ville de  Paris.

La Compagnie pouvait-elle espérer un pareil témoignage royal de considération.  Dans une lettre du Préfet de Police le Baron Pasquier, soumise au Ministre des  manufactures et du commerce, le 26 décembre 1812, on peut lire dans le projet  de décret à l’article 11 :

Il sera établi des gourmets piqueurs de vins pour le service du public ils seront  nommés par le Préfet de Police.  Mesure selon le Préfet propre à faire disparaître une foule de prétendus  courtiers qui selon les expressions du commerce ne cherchent qu’à faire leurs  affaires au détriment du consommateur et du marchand.  Ce projet de décret fait l’objet de délibérations lors d’une séance aux Tuileries le  14 décembre 1813 et est signé par Napoléon 1er le 15 décembre de cette même  année.

La loi du 18 juillet 1866 proclamant la liberté de courtage porta un coup néfaste  à la Compagnie qui dut changer de nom et fut remplacée par Chambre Syndicale  des Courtiers gourmets.

Notre Président André Roques élu en 1941, grâce à sa ténacité obtiendra de  revenir au titre de Compagnie des Courtiers Gourmets Piqueurs de vins de Paris  et il obtint pour tous les membres l’assermentation officielle devant le tribunal  de commerce de la Seine (décret du 15 mars 1944).  En 1952, on nous accorde la reconnaissance d’utilité publique et en 1974,  considérant que le terme de gourmet ne correspondait plus au rôle officiel de  notre Compagnie, celle-ci prit le titre de Compagnie des Courtiers Jurés Experts  Piqueurs de Vins de Paris. Je précise à toutes fins utiles que tous les membres  au sein de notre association œuvrent bénévolement.

On se retrouve un peu plus tard…

Merci

DISCOURS 2ème PARTIE :

Dans mon intervention de début de dîner, ce rappel du passé pourrait vous faire croire que la Compagnie est un monument historique poussiéreux.  Bien entendu il n’en est rien.
Nous sommes bien vivants et actifs dans le monde  du vin, nous exerçons tous une profession liée au commerce du vin.

Nos spécialités sont variées. Nous visitons les restaurants, les grossistes, les cavistes, les comités d’entreprise, les administrations, les particuliers, la grande  distribution, nous travaillons à l’export, nous vendons sur les marchés et les foires, nous avons un spécialiste des ventes aux enchères, certains sont  également œnologues et dans nos rangs on rencontre des formateurs, des  experts judiciaires.

En amont nous sommes au contact permanent avec les vignerons que nous  visitons fréquemment.  Nous y dégustons les vins que nous proposons à la vente et travaillons ainsi ce  qui est au centre de notre activité.

Dégustateurs professionnels, nous avons participé aux tous premiers concours  internationaux.
Nous nous y rendons volontiers sans aucune arrière-pensée commerciale.  Allemagne, Belgique, Croatie, Danemark, Espagne, Portugal, Slovénie, Suisse,
Turquie sont les pays qui nous ont appelés.  L’organisation des concours a-t-elle changé ? Nous nous interrogeons car nous  sommes peu invités à siéger dans ces concours.

Je pense sincèrement que nous y avons notre place. Notre dégustation originale se soucie de l’appréciation du consommateur. Notre avis en complément de  ceux d’autres dégustateurs présente à mes yeux un intérêt certain.

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Pour rester performants nous dégustons toute l’année entre nous dans notre laboratoire de dégustation de Charenton-le-Pont.
Depuis 1994 nous organisons chaque année un concours qui nous est propre :
Les lauréades. Pour ce faire les membres de la Compagnie se déplacent dans un vignoble où les vins d’une appellation et d’un même millésime concourent.
Nous travaillons avec les comités interprofessionnels qui organisent la collecte des échantillons des producteurs ou des coopératives et nous soumettent des bouteilles de façon anonyme. Sans nous substituer aux agences de communication et de promotion du vin, nous permettons à des régions méconnues de se faire remarquer grâce à ce concours.
Le jury composé des seuls membres de la Compagnie attribue des Lauréades d’or et d’argent.
Nous organisons également le concours des exposants de la Foire de Paris pour lequel là encore nous attribuons des diplômes.
Toujours au chapitre de la dégustation nous pourrions citer certaines de nos participations :
– Aux vinalies internationales des œnologues
– Au Burgundia à Nuits Saint Georges
– A la prestigieuse dégustation des champagnes organisée à reims par les sommeliers de Champagne Ardennes
– Ou celle organisée par le magazine 60 millions de consommateurs
– Au concours général agricole
– Au concours Amphore pour les vins bio
Pour n’en citer que quelques uns.

Nous apportons aussi notre expertise pour aider à la sélection de vins lors de la préparation de foires aux vins dans la grande distribution.
Nous avons travaillé pendant de nombreuses années à l’établissement de la carte des vins de la compagnie Air France.
La dégustation, fil conducteur de notre Compagnie nous a amené tout naturellement à établir une carte des millésimes.
Il est précisé dans nos statuts que nous devons organiser des commissions permanentes chargées de réunir des appréciations qualitatives sur la production  des vignobles.
Notre carte des millésimes est de création ancienne, la première est parue au début du 20è siècle et était réservée à l’usage interne des courtiers.
Depuis 1937 elle est commercialisée.  Hélas, pionnier en la matière, ce tableau comparatif est souvent copié ou plagié nuisant ainsi à notre travail.
Cette carte est une œuvre originale et collective, chaque membre de la compagnie fait partie d’une ou plusieurs commissions des appellations et travaille bénévolement toute l’année pour préparer la carte suivante. Je remercie les courtiers pour leur implication et leur dévouement.
Pour sa réalisation nous établissons des liens étroits avec les différents comités  interprofessionnels ainsi qu’avec les producteurs.
Cette carte n’est pas figée, elle est révisée chaque année et nous modifions  éventuellement les cotations en fonction de l’évolution du vin.
Diffusée dans le monde entier notamment au travers de la Sopexa, ancien partenaire, elle est toujours vendue à des milliers d’exemplaires.

Elle peut être personnalisée, ce qui est le cas pour certains groupes de grande distribution. Ne percevant aucune subvention, elle assure financièrement à la
Compagnie une partie de ses dépenses de fonctionnement.
Nos statuts stipulent que nous devons rédiger une note annuelle sur chaque  récolte.
C’est dans les années 1980 que la première note est parue. Elle est le fruit d’un  long travail qui s’appuie sur nos commissions des appellations.

La première note indiquait :
– Les chiffres de récolte en France et le détail des principaux vignobles
– L’évolution des prix
– La réglementation tant française que communautaire

En complément de nos activités, nous avons envie de transmettre notre  expérience.
C’est pourquoi nous organisons chaque année une conférence dégustation sur un vignoble dans une salle aimablement mise à notre disposition par l’OIV.
A la suite du colloque les vins de ce vignoble sont dégustés et commentés par les vignerons présents.
Certains courtiers ont créé des écoles destinées au grand public et aux professionnels.
D’autres travaillent et enseignent au sein de lycée professionnel, de BTSA ou d’écoles privées.
Cette volonté de transmettre nous a poussés à créer des Masterclass au sein de notre Compagnie.

Nous abordons tous types de sujets, ils sont variés depuis l’initiation à la dégustation en passant par la biodynamie.
Des soirées peuvent être délocalisées suivant la demande et le nombre des participants.

Comme vous le voyez nous sommes actifs respectant en ce sens ce que stipule l’ordonnance de Jean II en 1350 concernant les oisifs :
Les oisifs aussi bien hommes que femmes qui tant dans la ville de Paris que dans les autres villes de la Vicomté ne veulent s’astreindre à aucun travail corporel, truandant les uns et les autres, fréquentant tavernes ou bordeaux, il est ordonné que les sus nommés, joueurs de dés, chanteurs des rues truands ou mendiants, soit hommes, soit femmes, sains de corps, de quelque condition ou état qu’ils soient, ayant ou non un métier et refusant de travailler pour gagner leur vie devront quitter la ville de Paris et les autres villes de la Vicomté dans les trois jours qui suivront cet avis.
Et si de ces trois jours passés on trouve encore des oisifs ou joueurs de dés ou mendiants, ils seront arrêtés, mis en prison au pain sec et à l’eau durant quatre jours.
Et quand ils auront été libérés, s’ils sont retrouvés oisifs ou sans moyen d’existence, ou sans travail véritable, ils seront mis au pilori et la troisième fois, ils seront marqués au fer rouge sur le front et bannis hors de ces lieux.

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La Compagnie est au service du vin comme il est inscrit dans ses buts  statutaires : elle doit travailler au maintien et au développement de la qualité des vins et spiritueux.
En 2022 il y aura sept siècles que nous œuvrons dans ce sens. Les autorités de notre pays nous ont toujours fait confiance.

Cependant, paradoxalement nous sommes sous-employés, nous sommes connus bien plus chez nos voisins européens et outre atlantique que sur notre propre territoire.
Peut-être nous craint-on, peut-être nous confond-on avec une confrérie bachique.
C’est ici dans ce tribunal que se jugent les règlements judiciaires et les faillites.
Le commerce des vins n’est malheureusement pas étranger à ces accidents commerciaux. Nous sommes à même de dresser les inventaires de caves, d’entrepôts et de les chiffrer mais les juridictions par simplicité ou méconnaissance confient cette tâche méticuleuse à des commissaires-priseurs qui interviennent en généralistes sans souci du détail qu’impose un inventaire.
Nous avons occupé pendant de nombreuses années un siège à l’INAO mais ce n’est plus le cas.
La diversité des spécialités de nos membres, nos contacts avec les viticulteurs en amont et la vente en aval constituent des atouts majeurs tant en France qu’à l’international.
Les commissions d’agréage pourraient avoir recours à nous comme avis extérieur au vignoble.
Durant plusieurs décennies, La répression des fraudes fit appel à nous dans son laboratoire de Massy Palaiseau pour juger de la typicité des vins prélevés. Notre
Compagnie n’est plus consultée.
Les comités interprofessionnels disposent d’ambassadeurs situés à Paris en communiquant et travaillant avec la Compagnie des courtiers jurés.

Ce soir, notre Compagnie n’a qu’un souhait pour envisager les prochains siècles sereinement : être des plus sollicitée par les acteurs de la filière et des institutions comme l’ont toujours souhaité les pouvoirs publics.
Je vous souhaite au nom de la Compagnie une bonne fin de soirée et permettez moi aussi de remercier tous ceux qui ont participé à la réalisation de cet  évènement.

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Catégories : ActivitésActualités

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